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Antoine Fresse : 1700 km à Vélo pour Découvrir l'Europe et Repenser la Mobilité

14 novembre 2024 Annuaire
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Nous avons eu l’honneur de discuter avec Antoine Fresse, étudiant en Master Génie Énergétique à l’IMT Nord Europe, qui a entrepris un voyage de 1700 km à travers l’Europe, en vélo, et sans plan initial. Ce périple de 17 jours lui a permis de relever des défis personnels et sportifs, tout en découvrant de nouvelles cultures et en partageant son aventure sur Instagram, sous le nom de @Antonio_del_velo.

  1. Quel a été ton principal moteur pour entreprendre cette aventure à travers l’Europe ?

Tout d’abord, je tiens à préciser que ce voyage n’était pas prévu lorsque je suis arrivé début juillet à Stockholm. Cette idée m’est venue spontanément et a été motivée au fur et à mesure par plusieurs éléments tels que :

    1. Le défi sportif à De quoi suis-je capable sur un plan sportif ? Quelles sont mes limites ? Est-ce réalisable de faire 1700km de vélo en bike packing pendant 17 jours en continu ?
    2. Le challenge personnel à Suis-je capable d'aller au bout de ce projet en surmontant toutes les difficultés qui se dresseront devant moi, qu'elles soient connues ou inconnues ?
    3. Le voyage à Quelles sont les différences entre voyager en bike packing ou voyager en prenant l’avion/ le train ? A quoi ressemblent de l’intérieur les pays que je vais traverser ? Que vais-je voir ?
    4. Le lien social à Comment sont les gens vivant dans ces contrées ? Quelle est l'actualité locale ? Quel est leur regard sur la France et les français ?
    5. Le partage à œuvrer en faisant du vélo au développement d'une association et à l'application de ses missions et le partager quotidiennement sur les réseaux sociaux via un compte Instagram créé à l'occasion au nom d'"Antonio_del_velo".

 

 

  1. Peux-tu nous en dire un peu plus sur les principaux défis que tu as rencontrés en cours de route et comment tu les as surmontés ?

 

Des défis, j’en ai rencontré un paquet ! Mais certains sont plus notables que d’autres.

    1. a. Les ressources. En premier lieu : l'eau. Je veillais à ne jamais manquer d'eau car l'hydratation est une réelle clé de la réussite d'un projet sportif quel qu'il soit. Ensuite : l’alimentation. Faire autant de sport dans la journée donne énormément faim donc je veillais à être vigilant à toujours avoir quelque chose à manger dans mes sacoches (barre céréales, chocolat, protéines). Pour ces deux éléments, j'avais la chance d'être dans des pays développés où l'accès à l'eau potable est total et où il y a des commerces un peu partout donc finalement ce défi n'était pas le plus compliqué.
b. La batterie. La batterie m’était vitale car sans je ne pouvais plus utiliser le GPS, je ne pouvais pas savoir où était le supermarché le plus proche, où je pouvais potentiellement loger etc. Ici, je profitais de mes repas du midi dans les boulangeries ou fast food dans lesquelles je mangeais pour recharger mon téléphone, mais il m'arrivait aussi de sonner chez l'habitant pour demander si je ne pouvais pas le faire en même temps que de prendre une pause.
c. La fatigue . Enchaîner les journées à plus de 100 km était une première pour moi. Je ne savais donc rien de mes capacités à pouvoir y arriver. Je faisais donc comme bon me semblait, en veillant à être toujours à l’écoute de mon corps afin de ne pas nuire à ma santé et ma sécurité. Aussi, je pensais à prendre des pauses régulières, à m’étirer le plus possible, voire à me masser le soir des longues journées.
 
a. Le logement. Il était à la fois amusant et angoissant de savoir d’où je partais le matin sans savoir où j’arriverai le soir, la distance parcourue étant décidée « en live ». Il pouvait m’arriver de dormir dans ma tente au camping si j’en croisais un, ou alors dans ma tente dans la nature si je trouvais un joli spot (et si j’en avais le droit ce qui n’était pas le cas partout) ou alors mon option préférée : dormir chez l’habitant. En effet, il m’est arrivé à 9 reprises de faire du porte à porte le soir afin de demander l’hospitalité des gens et ainsi dormir chez eux. Je fus d’ailleurs très surpris des résultats que j’obtenais car cela a toujours fonctionné et assez rapidement même !

 

 

  1. Quelles leçons personnelles retires-tu de cette expérience, et comment comptes-tu les appliquer à l'avenir ?

 

Je repars de cette aventure avec tellement d’enseignements sur moi-même, sur la vie et sur le monde.

    1. Je pense en premier à la vision du voyage. En effet, classiquement lorsque l'on part en voyage on pense à prendre l'avion/ le train/ la voiture pendant plusieurs heures, arriver sur un lieu touristique que l'on a vu des milliers de fois sur les réseaux mais que l'on voulait voir de nos propres yeux, et puis on coche la ville ou le pays en se disant qu’on l’a visité. Je ne critique absolument pas cette vision du voyage car je la partage en partie, mais avec ce voyage j'ai pu découvrir une nouvelle façon de voyager : être libre de toutes contraintes, découvrir des paysages que seuls les locaux connaissent, traverser 6 pays pour une somme dérisoire... Car en effet ce voyage ne m'aura coûté que 100€, si on exclut les frais liés aux vélos ou au matériel de camping que je pourrais revendre ou garder toute ma vie et ainsi amortir pleinement l'investissement, et si on ne prend pas en compte non plus les frais liés à la nourriture, puisque j'aurais dû me nourrir que je sois en France ou n'importe où. Cela a renforcé mon idée que l’on peut voyager sans nécessairement être riche.
    2. Je pense ensuite à l'aboutissement d'un projet. J'encourage pleinement chaque personne ayant un projet  en cours ou en tête  à donner le maximum pour que celui-ci se réalise. La fierté qui en suit est indescriptible. Me concernant, j'étais quelqu'un qui avait beaucoup d'idées en tête mais qui n'allait jamais réellement jusqu'à la concrétisation de celles-ci, et le fait d'avoir achevé cette aventure va être un vrai moteur pour moi. Toute ma vie je pourrai dire que je l’ai fait et ce sentiment est intemporel.
    3. Enfin, j'ai réalisé la chance que j'avais. En effet, à travers les nombreuses interactions que j'ai pu avoir j'ai réalisé que mon quotidien était celui d'un homme chanceux. J'ai rencontré des gens qui avaient perdu des êtres proches, des gens qui avaient des enfants handicapés, des fermiers qui ne gagnaient pas des milles et des cents etc. Quel est leur point commun ? Qu'ils ont toutes les raisons du monde pour être attristés, et pourtant tout ceci était caché par un chaleureux sourire lorsqu’ils m’ouvraient les portes de chez eux. Je ne suis pas quelqu'un qui a l'habitude de me plaindre mais je pense qu'après cette expérience cela sera encore moins le cas, et surtout je saurai profité d'autant plus de la vie car celle-ci peut basculer à tout moment ! 
  1. Comment ta formation en Génie Énergétique à IMT Nord Europe a-t-elle influencé ta vision de la mobilité durable et ton engagement pour le vélo comme mode de transport ?

 

Tout d'abord je tiens à remercier l'IMT Nord Europe de nous laisser l'opportunité de réaliser un stage à l'étranger dans le cadre de notre cursus. Sans cela mon voyage n’aurait pas pu voir le jour (ou en tout cas pas maintenant). Ensuite, bien évidemment que les thématiques d'énergie (qui est le cœur de mon master) et de mobilité durable sont liées et ont par conséquent eu une influence sur les raisons de ce choix. Au cours de mon voyage, j'ai pu réaliser à quel point l'énergie avait un pouvoir important dans le monde. Je repensais à l’époque où le pétrole n’avait pas encore était exploité et où chaque déplacement était long et fastidieux, tandis que de nos jours ils sont rapides et agréables. Ce message fait écho à ce que M. JANCOVICI décrit si bien dans « Le monde sans fin » en disant que notre vision à l’énergie n’est plus du tout la même.

 

  1. Quels liens fais-tu entre ton aventure et les enjeux environnementaux que tu étudies ? Cette expérience a-t-elle renforcé ton désir de travailler dans des projets liés à la durabilité et à la transition énergétique ?

 

Les enjeux environnementaux actuels sont clairs : il faut impérativement baisser les émissions de GES ainsi que son empreinte carbone. Mon objectif l’est tout autant : je veux voyager un maximum. Par ce voyage en vélo, j’ai réussi à allier les deux. C’est avant tout une fierté, mais j’espère également que ça pourra servir de modèle à d’autres personnes aux mêmes sensibilités que moi au changement climatique et au voyage.

Cette expérience m’a fait profondément réfléchir sur beaucoup de choses et notamment sur mon projet professionnel. J’ai compris qu’il était essentiel de faire un métier qui nous plaît et dans lequel on se sent épanoui, et j’ai appris qu’être riche ne signifiait pas forcément avoir beaucoup d’argent puisque l’on peut être riche d’expérience, et finalement je crois que c’est le plus important. Dans mon cas, j’étais, je suis et je serai attiré par les thématiques de développement durable et de transition écologique et je pense que cela sera donc le fil conducteur de ma vie.




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